La mort, leurs vies

Note de lecture et extraits : Une fin heureuse, Maren Uthaug

Note de lecture

Voilà une saga familiale danoise pour le moins originale, centrée sur une lignée de personnages, hommes et femmes, qui s'appellent tous Christian et Liliane Christiansen (sauf le narrateur et sa mère), et qui œuvrent, de génération en génération, en tant que croque-morts. Chacun des personnages principaux nourrit un rapport singulier à la mort et aux morts, du plus prosaïque au plus ésotérique, du plus classique au plus innovant, du plus respectueux au plus scandaleux. Voilà qui donne une série de récits surprenants, de portraits souvent savoureux et d'intéressantes considérations historiques sur les rites funéraires au fil des siècles traversés. L'imagination, audacieuse, transgressive, parfois scabreuse, irrigue une narration très maîtrisée, qui a pour fil rouge une notion d'hérédité croquée de manière cash et détonante. L'humour est caustique ou noir, avec quelque chose de méchamment, romantiquement ou monstrueusement décomplexé.

Extraits

Première fois

C'est en 1986 que le contact d'une peau froide m'a fait vibrer pour la première fois.

Un parfum de terre, de mousse et de tourbe

Aucune odeur nauséabonde ne vient gâcher les premiers instants après la fin. Il flotte au contraire un parfum de forêt en plein automne. Un parfum de terre, de mousse et de tourbe.

Danger et bonheur

Les humains, comme on le sait, ont besoin dans l’existence d’une certaine dose de danger pour pouvoir être heureux, faute de quoi ils s’inventent des névroses, des phobies et autres fantaisies dont leur esprit se divertit pour éviter les affres de l’ennui.

Méchanceté normale

En regardant ma mère fourrer une quantité insolente de poulet dans sa bouche, je me suis demandé si elle avait toujours été aussi méchante, ou si ça avait empiré avec les années. Je n’arrivais pas à savoir. Enfant, on est capable de trouver tout normal.