La chute d'eau et le rocher
- Le roi de Finlande

- 23 oct.
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Dernière mise à jour : 24 oct.
Petite Prose

J’ai écouté ta violence et ta haine comme on se trouve face à une chute d’eau assourdissante. Si assourdissante qu’il apparaît vain de formuler quelque chose en retour. Ça ne serait pas audible. Je me suis vu pourtant répondre quelque chose : « Tu es pleine de malheur et de rage ; tu as une telle force de détestation que tu es parfaitement détestable ; tu es un triste personnage. » Mais je me suis seulement vu dire ça. Ou entendu. C’est resté au fond de ma gorge, ça ma laissé littéralement sans voix. Et j’ai d’ailleurs eu du mal à la retrouver, cette voix, du mal à parler durant le reste de la journée. Il n’y avait qu’un petit filet qui sortait de ma bouche, chétif, éraillé, misérable. J’ai eu une autre image après coup, celle d’un rocher en contrebas de la chute d’eau. Un rocher noir sur lequel l’eau glisse en permanence, sur lequel la vie semble glisser en permanence. Un rocher qu’on regarde en se disant : il y a peut-être une fleur minuscule qui va éclore sur son côté exposé au sud ; il y a bien un peu de mousse qui va pousser au nord. Mais non, rien.
Texte : Frédéric Viaux. Photo : pxhere.com.



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