Petite Prose
Descendre à la cave. Et là, trouver la trappe dans un recoin poussiéreux. L'ouvrir. Rester dans l'observation de cette eau noire qui dort depuis des lustres. Qui croupit. Et qui remplit je ne sais quel espace plus ou moins oublié. Rester là dans cette observation. Sans vraiment espérer voir le fond. Laisser monter à la surface de l'eau quelques faces, quelques visages informes, figés ou grimaçants. Les regarder sans rien ressentir d'autre qu'une vieille familiarité. Rester là dans cette observation. Et puis plonger brusquement mon visage dans leurs visages. Tout troubler, tout effacer. Ouvrir les yeux sur le noir. Ouvrir les narines. Se redresser et s'ébrouer. Avoir envie d'y retourner. Tout entier. Y glisser le corps. Laisser les mains cramponnées au bord de la béance. Jeter un dernier coup d'œil à l'extérieur. Et dans un enchaînement rapide : rabattre la trappe, lâcher et plonger.
Texte : Frédéric Viaux - Photo : Hengki Koentjoro
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